Election française: un nouvel élan pour l’Europe
Hier, les électeurs
français ont fait le choix d’une l’alternance politique qui marque un tournant
pour l’économie européenne.
Comme presque tous
les dirigeants européens confrontés à la crise depuis 2008, le président
Sarkozy a subit une défaite électorale qui est clairement liée à son bilan
économique: flambée du chômage, hausse certes contenue mais toujours importante
de la dette publique, croissance anémique et plongeon de la compétitivité du
pays (avec un déficit historique de la balance commerciale). Mais on aurait
tort de limiter cette défaite à une simple sanction électorale. Elle traduit
plutôt la volonté d’engager le
pays dans une nouvelle voie. Les Français demandent, au niveau national mais
aussi au niveau européen, une politique plus ambitieuse et réaliste.
Le nouveau
président a annoncé vouloir mettre en place une politique plus équilibrée qui
combine sérieux budgétaire et construction de l’avenir. La maîtrise de la dette
compte tout autant que la modernisation de l’économie européenne.
En effet
l’austérité budgétaire appliquée trop brutalement est parfaitement
contre-productive. L’Espagne et le Portugal en ont fait la triste expérience.
Les gouvernements de ces pays ont
réduit leurs dépenses publiques tellement brutalement que leur marché intérieur
s’est effondré. Ils ont même fait le choix, qui hypothèque leur avenir, de
réduire drastiquement leur effort pour l’enseignement supérieur et la recherche :
drôle de façon de renforcer leur
développement économique! Même les bons élèves que sont les
Pays-Bas et l’Autriche, réputés pour leur sérieux budgétaire, tirent la
sonnette d’alarme et pressent leurs partenaires européens de penser à la
croissance.
L’élection de M.
Hollande arrive donc au moment précis où l’Europe cherche une nouvelle
stratégie pour sortir de l’impasse. La proposition de modifier le traité
européen d’union budgétaire, pour y ajouter un volet « croissance »,
a ainsi toutes les chances de rallier de nombreux États européens.
Mais la question de
fond, qui reste ouverte, sera celle de s’entendre sur les moyens de favoriser
la croissance. Berlin défend une option libérale et prône des réformes
structurelles, notamment pour le marché du travail, qui ont le mérite de ne pas
engager de nouvelles dépenses. Paris est désormais sur une ligne
« keynésienne », avec des grands chantiers publics et des investissements pour moderniser les économies européennes. La question de leur
financement, notamment via des Eurobonds, devra être négociée. Sur ce dernier
point, la France est loin d’être isolée, bien au contraire.
Les inquiétudes venues de Grèce
A coté de l’espoir né
de cette nouvelle donne politique en France, les élections législatives
grecques sont porteuses de lourdes inquiétudes. C’est un peuple usé par quatre
ans de crise qui s’est rendu aux urnes hier. Un peuple qui endure des efforts à
la limite du supportable sur le plan social. La Grèce a ainsi connu un séisme
politique hier. Les deux grands partis de gouvernement ont été laminés et
obtenu à peine un tiers des suffrages. La victoire des partis eurosceptiques et des extrémistes
de tout poil, montre qu’au fond, le peuple grec s’interroge : le maintien
de la Grèce dans la zone euro en vaut-il vraiment la chandelle ?
L’élection grecque
est également la traduction d’un euroscepticisme croissant. L’Europe, parce
qu’elle manque d’ambition pour ses peuples, parce qu’elle ne les protège pas
assez contre les vents du grand large, risque de devenir un parfait bouc émissaire
de toutes les difficultés. Or les peuples européens ne peuvent se permettre
d’être divisés à l’heure où émergent des géants économiques qui seront de
formidables compétiteurs.
De l’ambition pour une nouvelle espérance
L’heure est donc à
l’audace et au courage. Pas au renoncement, plus au « réalisme » qui
masque en réalité le plus laid des esprits de renoncement.
La France, et
l’Europe sa fille, doivent avoir confiance en elles et proposer un nouveau
modèle de prospérité qui allie solidarité et compétitivité. Un modèle pour
l’Europe mais aussi un modèle pour le monde où l’individualisme et la course à
l’argent mettent en péril l’avenir des générations futures.
Alors oui, il en
faudra de l’audace, pour que la politique monétaire soit enfin au service de la
croissance et de l’emploi. Oui, il faudra faire preuve d’unité pour défendre
les intérêts des ouvriers européens face à la concurrence de partenaires qui ne
respectent aucune règle.
Oui, il faudra
faire preuve de diplomatie et de persuasion pour fédérer l’Europe sur la voie
du progrès social et environnemental.
Oui, il faudra être
tenace pour dompter une finance qui a oublié que son rôle était de financer
l’économie.
Oui, il faudra être
ambitieux et créatif pour construire une politique industrielle européenne qui
permette à notre Vieux Continent de compter dans les batailles technologiques
de demain.
Mais quand on veut
on peut ! Les batailles perdues sont toujours celles que l’on refuse de
livrer.
Bonne chance
Monsieur le Président !
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