lundi 7 mai 2012

7 mai 2012, une nouvelle donne en Europe


Election française: un nouvel élan pour l’Europe

Hier, les électeurs français ont fait le choix d’une l’alternance politique qui marque un tournant pour l’économie européenne.
Comme presque tous les dirigeants européens confrontés à la crise depuis 2008, le président Sarkozy a subit une défaite électorale qui est clairement liée à son bilan économique: flambée du chômage, hausse certes contenue mais toujours importante de la dette publique, croissance anémique et plongeon de la compétitivité du pays (avec un déficit historique de la balance commerciale). Mais on aurait tort de limiter cette défaite à une simple sanction électorale. Elle traduit plutôt la volonté d’engager  le pays dans une nouvelle voie. Les Français demandent, au niveau national mais aussi au niveau européen, une politique plus ambitieuse et réaliste.
Le nouveau président a annoncé vouloir mettre en place une politique plus équilibrée qui combine sérieux budgétaire et construction de l’avenir. La maîtrise de la dette compte tout autant que la modernisation de l’économie européenne.
En effet l’austérité budgétaire appliquée trop brutalement est parfaitement contre-productive. L’Espagne et le Portugal en ont fait la triste expérience. Les  gouvernements de ces pays ont réduit leurs dépenses publiques tellement brutalement que leur marché intérieur s’est effondré. Ils ont même fait le choix, qui hypothèque leur avenir, de réduire drastiquement leur effort pour l’enseignement supérieur et la recherche :  drôle de façon de renforcer leur développement économique! Même les bons élèves que sont les Pays-Bas et l’Autriche, réputés pour leur sérieux budgétaire, tirent la sonnette d’alarme et pressent leurs partenaires européens de penser à la croissance.
L’élection de M. Hollande arrive donc au moment précis où l’Europe cherche une nouvelle stratégie pour sortir de l’impasse. La proposition de modifier le traité européen d’union budgétaire, pour y ajouter un volet « croissance », a ainsi toutes les chances de rallier de nombreux États européens.
Mais la question de fond, qui reste ouverte, sera celle de s’entendre sur les moyens de favoriser la croissance. Berlin défend une option libérale et prône des réformes structurelles, notamment pour le marché du travail, qui ont le mérite de ne pas engager de nouvelles dépenses. Paris est désormais sur une ligne « keynésienne », avec des grands chantiers publics et des investissements pour moderniser les économies européennes. La question de leur financement, notamment via des Eurobonds, devra être négociée. Sur ce dernier point, la France est loin d’être isolée, bien au contraire.

Les inquiétudes venues de Grèce

A coté de l’espoir né de cette nouvelle donne politique en France, les élections législatives grecques sont porteuses de lourdes inquiétudes. C’est un peuple usé par quatre ans de crise qui s’est rendu aux urnes hier. Un peuple qui endure des efforts à la limite du supportable sur le plan social. La Grèce a ainsi connu un séisme politique hier. Les deux grands partis de gouvernement ont été laminés et obtenu à peine un tiers des suffrages. La victoire des  partis eurosceptiques et des extrémistes de tout poil, montre qu’au fond, le peuple grec s’interroge : le maintien de la Grèce dans la zone euro en vaut-il vraiment la chandelle ?
L’élection grecque est également la traduction d’un euroscepticisme croissant. L’Europe, parce qu’elle manque d’ambition pour ses peuples, parce qu’elle ne les protège pas assez contre les vents du grand large, risque de devenir un parfait bouc émissaire de toutes les difficultés. Or les peuples européens ne peuvent se permettre d’être divisés à l’heure où émergent des géants économiques qui seront de formidables compétiteurs.

De l’ambition pour une nouvelle espérance

L’heure est donc à l’audace et au courage. Pas au renoncement, plus au « réalisme » qui masque en réalité le plus laid des esprits de renoncement.
La France, et l’Europe sa fille, doivent avoir confiance en elles et proposer un nouveau modèle de prospérité qui allie solidarité et compétitivité. Un modèle pour l’Europe mais aussi un modèle pour le monde où l’individualisme et la course à l’argent mettent en péril l’avenir des générations futures.
Alors oui, il en faudra de l’audace, pour que la politique monétaire soit enfin au service de la croissance et de l’emploi. Oui, il faudra faire preuve d’unité pour défendre les intérêts des ouvriers européens face à la concurrence de partenaires qui ne respectent aucune règle.
Oui, il faudra faire preuve de diplomatie et de persuasion pour fédérer l’Europe sur la voie du progrès social et environnemental.
Oui, il faudra être tenace pour dompter une finance qui a oublié que son rôle était de financer l’économie.
Oui, il faudra être ambitieux et créatif pour construire une politique industrielle européenne qui permette à notre Vieux Continent de compter dans les batailles technologiques de demain.
Mais quand on veut on peut ! Les batailles perdues sont toujours celles que l’on refuse de livrer.
Bonne chance Monsieur le Président !

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