vendredi 1 juillet 2011

Grèce, le tonneau des Danaïdes

Fichier:Danaides Waterhouse 1903.jpg
Tonneau des Danaïdes de J. W. Waterhouse
Les sacrifices budgétaires de la Grèce ne font que repousser le problème du surendettement du pays. A quand la prochaine crise ?  
 

L’aide européenne : une réponse précaire…
  
La Grèce ne pouvait plus, depuis plusieurs semaines, emprunter sur les marchés internationaux tant les taux d’intérêts qui lui étaient demandés étaient  élevés. Pour éviter le défaut de paiement, le gouvernement grec a du se résoudre à demander une aide financière internationale. Le Parlement grec a donc confirmé jeudi 30 juin la mise en place d’un énième programme d’austérité.  Ce tour de vis budgétaire prévoit de tailler dans les dépenses publiques, de privatiser une large partie des infrastructures publiques et d’augmenter les impôts des classes moyennes. 28 milliards d’euros devraient théoriquement être économisés sur 5 ans, condition sine qua non  pour que la Grèce puisse bénéficier de la nouvelle tranche d’aide de 110 milliards d’euros du FMI et de l’Union européenne. 


La crise grecque devrait donc quitter le devant de la scène jusqu’au prochain soubresaut. Nous sommes au final dans la même situation qu’il y a un an lorsque les dirigeants européens avaient dû créer en urgence, un fond de garantie pour permettre à la Grèce de continuer à se financer sur les marchés internationaux. 


En effet, la solvabilité de la Grèce et le caractère insoutenable de la dette grecque restent toujours d’actualité. Le pays est toujours plongé dans un cercle vicieux où la baisse brutale des dépenses publiques et la hausse des impôts  sapent la croissance économique, diminuent les recettes fiscales et provoquent au final de nouvelles mesures  d’austérité.  L’assainissement des finances publiques, quand il est excessif, ne fait souvent qu’affaiblir la compétitivité d’un pays.


…et injuste

Comme les sœurs Danaïdes, figures mythologiques du monde antique, condamnées pour avoir assassiné leurs époux à remplir éternellement un tonneau sans fond,  la Grèce risque d’avoir à subir des années de vaches maigres à répétition. Qu’a donc fait la Grèce pour mériter un tel châtiment ?

Les gouvernements grecs ont menti depuis plusieurs années sur la situation financière de leur pays. Ils ont trafiqué leurs comptes publics pour cacher l’ampleur de l’endettement public de la Grèce. Mais ils l’ont fait avec l’aide et  la bénédiction de certaines grandes banques d’affaires internationales, dont Goldman Sachs. Or, comme pour la crise des subprimes, ces banques semblent être étrangères à toute notion de responsabilité.

Elles profitent en fait d’un formidable « aléa moral » : elles peuvent prendre des risques sans presque jamais devoir en supporter les conséquences. Privatisation des bénéfices, nationalisation des pertes. On peut d’ailleurs s’interroger sur le choix des gouvernements européens de toujours privilégier les établissements bancaires sans jamais leur demander, ou seulement de manière symbolique, de participer à l’effort de redressement des comptes publics. 

Ce sont d’ailleurs les couches populaires et les classes moyennes qui supportent le plus lourd fardeau : baisse des pensions de retraites, hausse des impôts, paupérisation des services publics. Les Grecs comme beaucoup d’autres peuples européens sont de fait soumis à une double peine : ils subissent une crise économique provoquée par les prises de risque irresponsables des acteurs financiers et doivent financer par l’endettement le sauvetage du secteur bancaire. 

Cette interminable cure d’austérité est-elle inévitable ? Non… (suite dans le prochain billet)

1 commentaire:

  1. Lesdites banques d'affaires internationales prêtent d'un côté à la Grèce à des taux usuraires, tout en ayant souscrit des 'credit default swap' qui leur procureront des milliards d'euros de bénéfice en cas de faillite grecque.
    Certains appellent ça une stratégie gagnant-gagnant...

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